Tu le sais, j’ai toujours apprécié le bruit de nos silences. Ce silence apaisant du coeur qui bat fort. Celui qui laisse le souffle court et les joues rouges. Celui des yeux dans les yeux. Celui qui me fait tout chaud, là, parce que je regarde le bleu de tes yeux. Le silence que tes lèvres qui esquissent ce petit sourire plein de désirs qui te rend toute chose.
J’adore nos silences, parce qu’ils murmurent doucement des mots si sensuels ou des mots crus. Nos silences, ils soupirent. Il sont comme toi, ils mouillent.
Il s’agit parfois du genre de silence où chaque bruit, même le plus imperceptible – le froissement de la lingerie, le petit tapotement nerveux de mes doigts sur la table, le léger crissement de mes doigts qui passe sous ta juppe – chaque bruit semble amplifier le vide jusqu’à ce qu’il emplisse les oreilles. Ce silence renvoie un écho qui s’accentue face à la vacuité de la vie. Le seul bruit qui me ferait peur serait celui dans lequel je n’y entendrais plus ton désir de moi.
Mais un autre silence m’étourdit, parce que j’entends mon corps qui lui hurle mon envie de toi. Je n’arrive pas à faire taire ce désir que j’ai de me retrouver contre ton corps nu ni cette envie furieuse et incontrôlable de… Chut ! Et je n’ose plus te regarder dans les yeux, parce que j’ai peur que tu n’ entendes ce torrent de désirs que je suis supposé avoir endigué. J’ai peur que tu entendes les supplications de mon corps… Chut ! Les voisins pourraient entendre le lent va-et-vient, les bruits de succion de ta bouche, tes grognements. Lentement, langoureusement. Tu entends le bruit de mes doigts dans tes cheveux, pour les retenir de tomber dans ton visage et qui dégage ainsi la vue de tes lèvres qui s’affairent ? Et tes yeux sont si expressifs qu’ils pourraient gémir. Et moi je gémis parce que parce que mon envie de toi est encore plus dure que mon chibre.
Tu cesses ta caresse quelques instants et tu me dis à l’oreille que tu entends couler entre tes cuisses la moiteur, ce témoin du plaisir que tu éprouve à sentir mon membre emplir ta bouche. Tu me suces encore et je sens encore vibrer en moi ce désir, cette envie d’encore. Et cet encore, tu l’as, sur le bout de ta langue, qui me fait palpiper.
Sournoisement, sans bruit, je l’entends, l’onde titanesque qui monte en moi, à pas de loup, je la sens, dans mon corps qui se tend toujours un peu plus, dans mes muscles qui bandent au fur et à mesure tu t’affaires. Et tu sembles déchirée entre l’envie de me faire jaillir sur ta langue et au fond de ta gorge ou celle de ralentir, de prolonger cette douce torture que je tu m’inflige. Tu ne dit rien mais ton regard me parle comme si tu voulais mon plaisir. Comme si tu le voulais si fort. Tu me veux jouissant ou peut être non. Tu me veux sur la frontière qui sépare la vie de cette petite mort, à un souffle de l’extase. Fou de désirs, à en beugler comme un animal pris au piège. Non pas encore. Tu veux mon envie de toi, l’envie de ta bouche si impérieuse que je n’arrive plus à penser à autre chose. Tu tiens mon plaisir entre tes mains, entre tes lèvres qui me parlent.
Et seulement à ce moment-là, quand tu sentiras que je suis tout à toi… Tout en toi… Tu feras alors gicler le plaisir, me laissant emplir ta bouche et ton âme, jouissant du don que tu me fait, dans un hurlement de rage d’écume voluptueuse si terrible, qu’il en déchirera le voile silencieux de la nuit… »Silence ! On jouit ! »